Mort de Claude Lanzmann : sa grande œuvre de mémoire de la monstruosité nazie mais aussi ses silences mémoricides sur la monstruosité communiste.

Nous apprenons ce jour par tous les medias le décès de Claude Lanzmann, le grand réalisateur de « Shoah ».

Peut-être le fait de son émotion à la sortie, hier en salles, de son film « Destins de femmes dans la Shoah ». ?

La providence fait que, les jours précédents, en vue d’une conférence, j’avais relu trente-huit ans après sa publication en France (ed. du Seuil) le poignant récit d’Evguenia Guinzbourg, juive elle aussi, rescapée elle aussi de camps de la mort, les camps de la mort soviétiques de la Kolyma.

J’avais réouvert en cette occasion le « Premier guide des camps de concentration et des prisons en Union soviétique » (traduit du russe en 1980), réalisé par Avraham Sifrin (Stefanus editions) juif aussi, et alors accueilli en Israël, rescapé de dix ans de Goulag, fils d’Isaak Sifrin mort dans un camp de travail forcé.

Dans cet ouvrage est établie la liste des 83 « hôpitaux » psychiatriques de l’URSS, celle des 470 complexes du Goulag et de leurs 3000 camps, celle des 39 camps de la mort, dont, écrivait Avraham Sifrin : « les prisonniers étaient voués à une mort virtuellement certaine ».

La mémoire de la Shoah fut l’objet essentiel de l’œuvre cinématographique de Lanzmann. On peut comprendre qu’il fut de longues années polarisé sur cela. On peut hélas regretter qu’il se soit, semble-t-il, que bien peu sinon pas du tout intéressé aux génocides du communisme, de l’Ukraine au Cambodge.

Mais, militant d’extrême-gauche, même le sort des Juifs, pourtant en grand nombre persécutés aussi et nombre d’entre eux massacrés sous Staline, ce frère jumeau hétérozygote d’Hitler, ne le mobilisa guère.

Nombre de juifs se souviennent aussi avec tristesse de sa sympathie pour le FLN algérien qui massacra tant des leurs de Constantine à Oran.

Claude Lanzmann ne s’est pas soucié de ce que puisse émerger un réalisateur semblable à lui pour combattre l’immense négationnisme par occultation des cent millions de victimes du communisme.

Il se serait honoré en ne tolérant pas que la mémoire de la monstruosité communiste n’occupe guère médiatiquement qu’un infime pourcentage de celle de la monstruosité nazie.    

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